Dans une région souvent perçue comme périphérique dans les flux de la tech mondiale, Kenny Eyana incarne une dynamique nouvelle : celle d’un entrepreneuriat africain enraciné, mais stratégiquement tourné vers l’avenir. À la tête de Woodd Group, une startup congolaise fondée en 2017, Eyana construit avec méthode un écosystème hybride mêlant e-commerce, marketing digital, écologie et tourisme – un pari audacieux dans un marché encore peu structuré.
Basée à Kinshasa, Woodd Group s’impose comme un modèle de résilience entrepreneuriale dans un contexte économique instable. En combinant les technologies numériques aux réalités locales, l’entreprise offre des solutions adaptées aux besoins congolais tout en épousant les codes de l’innovation globale. L’approche sectorielle multiple de Woodd est moins un signe de dispersion qu’une réponse à la complexité des marchés émergents, où les infrastructures manquent autant que les opportunités abondent.
Ancien auditeur à la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo, Kenny Eyana n’est pas un rêveur romantique. Il comprend les chiffres, la rigueur comptable, et les enjeux de gouvernance. Cette double compétence – financière et entrepreneuriale – lui a valu d’être sélectionné par la Tony Elumelu Foundation en 2018, un label de reconnaissance pour les entrepreneurs africains les plus prometteurs.
Mais Eyana vise plus large. Il appartient à une génération qui ne cherche pas seulement à créer de la valeur, mais à la redistribuer intelligemment dans un tissu économique souvent désarticulé. Le digital devient pour lui un levier de transformation sociale autant qu’un outil d’efficacité commerciale. En développant des projets liés à l’environnement et au tourisme, il ancre la technologie dans la matérialité congolaise.
Dans une région où le développement se heurte à la lenteur des réformes et à la volatilité politique, Kenny Eyana démontre qu’il est possible de bâtir – avec patience, pragmatisme et foi en l’avenir – une entreprise africaine compétitive. Son parcours illustre ce que l’Afrique de demain pourrait devenir : non pas un terrain d’expérimentation exogène, mais un foyer endogène d’innovation adaptée.
